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L’économie du changement climatique et le changement de climat en économie

Implications de l’adoption d’une perspective « évolutionniste » sur la gestion politique en matière climatique


Résumé
De nos jours, la science économique est devenue une discipline incontournable dans le domaine de l’analyse politique. Les politiques environnementales, et notamment la politique de lutte contre le réchauffement climatique, n'échappent pas à la règle. Or, la théorie économique traditionnelle repose sur des postulats fortement contestés par de nombreux auteurs, tant du point de vue théorique que du point de vue empirique.

Dans ce contexte, l’idée de la thèse est de voir quelles seraient les implications de l’adoption d’une grille de lecture économique alternative sur le processus de décision dans le domaine de la politique climatique. Le choix d’un autre modèle s’est porté logiquement sur l’économie évolutionniste dans la mesure où, d’une part, ce courant s’est construit sur l’idée qu’il fallait réconcilier la caractérisation de l’agent économique avec l’abondante littérature empirique et, d’autre part, il a opté pour la logique biologique, plus en phase les rythmes écologiques, comme métaphore inspiratrice.


Mots-clés
economics of climate change | mainstream economic models | evolutionary economics | ecological economics


Description

De nos jours, la science économique est devenue une discipline incontournable dans le domaine de l’analyse politique. Les politiques environnementales, et notamment la politique de lutte contre le réchauffement climatique, n'échappent pas à la règle. Or, la théorie économique traditionnelle repose sur des postulats fortement contestés par de nombreux auteurs, tant du point de vue théorique que du point de vue empirique.

Dans ce contexte, l’idée de la thèse est de voir quelles seraient les implications de l’adoption d’une grille de lecture économique alternative sur le processus de décision dans le domaine de la politique climatique. Le choix d’un autre modèle s’est porté logiquement sur l’économie évolutionniste dans la mesure où, d’une part, ce courant s’est construit sur l’idée qu’il fallait réconcilier la caractérisation de l’agent économique avec l’abondante littérature empirique et, d’autre part, il a opté pour la logique biologique, plus en phase les rythmes écologiques, comme métaphore inspiratrice.

De par la nature même de la réflexion sous-tendant ses fondements théoriques, l’économie évolutionniste s’intéresse aux dynamiques économiques résultant des processus d’innovation, sélection et accumulation. En fait, ce qui est considéré comme exogène dans le modèle traditionnel, constitue le « cœur conceptuel » du modèle évolutionniste. Le choix de cette nouvelle grille de lecture a inévitablement comme conséquence d’envisager d’une autre manière l’économie politique portant sur les questions environnementales.

La première partie de la recherche est consacrée à une analyse approfondie des critiques formulées à l’encontre du modèle économique traditionnel. Cette analyse, dont l’objectif est de contribuer à l’élaboration du cadre conceptuel de la thèse, consiste en l’exploration parallèle du champ de recherche concernant le fonctionnement des agents économiques et de la philosophie évolutionniste en général.

Cette investigation conjointe, doublée d’un cadrage portant sur l’histoire et l’évolution de la science économique, permet d’aborder de front les deux faiblesses principales du modèle traditionnel, à savoir l’irréalisme empirique du paradigme de l’Homo Oeconomicus et le problème de la simple agrégation sous la forme de l’agent représentatif. Cette phase aboutit à la formulation d’un schéma analytique alternatif fondé sur le concept de « rationalité limitée » articulé dans un cadre reposant sur la notion d’évolution, définie comme un processus à causalité cumulative, double (ascendante et descendante) et interactive illustrant l’importance jouée par le niveau de groupe pour expliquer le fonctionnement des individus.

Ce cadre et les préceptes qui en découlent seront utilisés d’une part, pour tenter d’apporter un éclairage différent sur la question du « paradoxe énergétique » et, d’autre part, pour analyser l’évolution technologique, élément central de la problématique du climat. Par exemple, la notion de causalité cumulative et interactive appliquée à la question de l’évolution technologique met lumière celle de « dépendance du sentier » qui exprime l’idée selon laquelle des évènements aléatoires insignifiants influencent fortement la direction et l’orientation d'une trajectoire technologique. De même, l’importance de la contingence historique et des interdépendances systémiques, qui découlent de notre choix d’adopter une approche évolutionniste, servent à expliquer le processus via lequel on a abouti à ce que l’on peut appeler le « carbon lock-in », selon lequel notre économie serait enfermée dans un régime sociotechnique « carbone » tant nos habitudes, nos institutions et nos réseaux technologiques sont adaptés à l’utilisation de combustibles fossiles (principale cause du problème de l’effet de serre).

Cette notion d’enfermement technologique à laquelle notre analyse a mené est importante dans le sens où elle requiert des décideurs politiques de mettre en œuvre des mesures propres à déverrouiller nos trajectoires technologiques, si on veut respecter les engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto.

En conclusion, l’adoption d’une approche évolutionniste est susceptible de faire évoluer sensiblement le type de politiques et instrument utilisés pour lutter contre le problème du réchauffement. Notamment, elle questionne la pertinence des instruments économiques actuels, comme l’échange de quotas d’émissions, qui proviennent du modèle traditionnel (mettant l’accent sur l’efficience et reposant sur la parfaite rationalité des acteurs), dans la mesure où ils ne traitent pas des barrières structurelles responsables de l’enfermement technologique dans la filière fossile. Comme le souligne notre recherche, les politiques climatiques devraient plutôt créer un environnement permettant d’utiliser la nature cumulative et auto-renforçante de l’évolution des technologies.

 

Promoteurs

  • Assaad AZZI - ULB
  • Walter HECQ - CEESE-ULB


Publications et documents liés à la thèse

 


Période :                          01/03/2005 - 01/03/2009

Organisme financeur :   Université libre de Bruxelles, MINI-ARC


Doctorant :                       MARECHAL Kevin
 
Mis à jour le 25 octobre 2022