Etude d'impact socio-économique et agro-écologique d'une micro ferme urbaine à cultures écologiquement intensives sur des micro-parcelles multiples

De quoi s'agit-il? Le Small Plot Intensive Farming ou SPIN Farming est une méthode de maraichage intensif sur petites surfaces. Ce système repose sur des techniques adaptées à des micro-surfaces hautement productives, à hautes valeurs ajoutées et dont la culture doit être relativement simple. L’organisation des cultures est adaptée aux terrains, à leurs distances et superficies et à l’environnement socio-économique dans lequel elles s’insèrent. En quoi est-ce nouveau ? Développé aux Etats-Unis et au Canada, ce système permettrait de faire un chiffre d’affaire d’au moins 45.000 euros sur une superficie de 2000 m2. Cependant ce modèle n’a jamais été adapté en Belgique. Le projet SPIN se propose de s’y atteler en éprouvant, au-delà de la prétendue « hyper-rentabilité » du modèle, les spécifiés qui font qu’il sort du mode de gestion traditionnellement familial d’une exploitation agricole, entre autres par l’implication d’acteurs « Non-Issus du Monde Agricole », porteurs d’expériences diversifiées. En quoi est-ce utile ? L’objectif tangible auquel veut aboutir le projet, aux termes de trois ans de co-création, est une objectivation des conditions de viabilité, de résilience et de création d’emplois (avec un salaire et un horaire normal) de la méthode du SPIN Farming appliquée au contexte bruxellois, et ce, sur base d’un cas pratique en conditions réelles.

Mots-clés
co-création | circuits courts | agroécologie | micro-ferme urbaine | alimentation durable


Outils méthodologiques
boussole de viabilité | co-création | expérimentation


Description

1. Contexte dans lequel s'inscrit le projet
  • La dépendance aux énergies fossiles et aux produits phytosanitaires, l’endettement de nombreux agriculteurs, les scandales sanitaires sont autant de symptômes qui plaident pour une transformation des systèmes agro-alimentaires vers des configurations plus durables. Depuis une dizaine d’années, on voit émerger, dans de nombreuses grandes villes, une variété d’initiatives et une évolution de la demande alimentaire (augmentation de la consommation de produits biologiques, multiplication des potagers collectifs, création de groupements d’achats, demande croissante pour des produits locaux et de saison, demande de liens).
  • Dans cette optique, l’intérêt grandissant pour des micro-fermes témoigne d’une envie de repenser la place de l’agriculture face aux enjeux relatifs à l’articulation villes-territoires (morcellement, contraintes foncières, pression démographique, etc.).
  • Le secteur agroalimentaire, dominé par le modèle agricole productiviste, rencontre une multitude de difficultés affectant l’économie (abandon de la profession et disparition des fermes (DGSIE, 2012), importation massive des denrées alimentaires et délocalisation de l’emploi, plafonnement des rendements (Finger, 2010; Brisson et al.,2010) et dépendance aux subventions ), la société (sécurité de la chaîne alimentaire , croissance démographique urbaine (IBSA,2012) risques et dangers sanitaires, remise en cause de la « malbouffe ») et l’environnement (dégradation des écosystèmes).
  • Toutefois, ces menaces donnent naissance à de nombreuses opportunités. Parmi celles-ci, la relocalisation de l’agriculture dans les villes et leurs périphéries, soutenue par l’émergence depuis une petite décennie de multiples initiatives de circuits-courts (Chapelle et al., 2013; Aubry et al., 2013) émanant pour la plupart de la société civile , est source de résilience et de souveraineté alimentaire dans les zones urbaines (Barthel & Isendahl, 2013). La mise en œuvre de pratiques agricoles dites agroécologiques (Peeters et al., 2013; Guégan, 2014) ou écologiquement intensives (Griffon, 2013; Funes-Monzote et al., 2009), autorise quant à elle la restauration et la préservation des écosystèmes (Gagliardi, 2009), ainsi que la production d’aliments durables et de qualité.
  • Parce que ces pratiques sous-tendent l’optimisation de la valeur ajoutée à l’unité de surface – tout comme, rappelons le, au 19ème siècle, où la pression foncière aux abords des villes nécessitait une approche qu’on qualifierait aujourd’hui de « bio-intensive », se basant sur de petites parcelles et nécessitant une forte rotation des cultures et l’usage du fumier de cheval alors abondant en ville - , l’agriculture agroécologique possède un fort potentiel de génération d’emplois et de valeurs économiques [13] et encourage entre autres choses l’installation d’agriculteurs sur de petites superficies à l’intérieur et en périphérie des agglomérations, où la spéculation foncière est la plus forte mais aussi là où la demande en denrées et en services récréatifs et pédagogiques [14] est la plus grande.
Les maraîchers générant une rémunération pour un équivalent temps plein en conduisant leur activité professionnelle sur une superficie de l’ordre d’un hectare et moins sont aujourd’hui très nombreux en Europe et en Amérique du Nord [9,15,16]. Bien que plusieurs fermes belges aient démontré la pertinence du concept, le potentiel en Belgique en général, et à Bruxelles en particulier, demeure très largement sous-exploité.

À ce jour, il y a très peu de terrains cultivables de plus d’un hectare à Bruxelles. Il y a par contre une multitude de terrain de 5 à 20 ares. Constituer une micro-ferme où l’on cultiverait sur une multitude d’espaces de très petites surfaces qui additionneraient environ 50 ares au total pourrait être une des solutions au problème de l’accès au foncier.
Le concept de SPIN Farming (Small Plot Intensive Farming = Maraîchage intensif sur petites surfaces), développé aux Etats-Unis et au Canada , propose un modèle d’exploitation en micro-agriculture urbaine.
Ce modèle dont la rentabilité commerciale s’appuie sur une distribution ultra-locale, repose également sur les principes d’économie circulaire. Concrètement, ce modèle d’exploitation en micro-agriculture vise à transformer les espaces verts publics et privés (jardins, terrains en friches, éventuellement parcs,..) en source de production alimentaire diversifiée et économiquement rentable.

L’originalité de ce projet va au delà de l’adaptation du Spin Farming au contexte bruxellois car il comportera un volet social en établissant une coopérative et en explorant les moyens de formaliser l’inclusion de membres actifs cultivateurs-consom’acteurs (en accord avec la législation belge) .

Cycle Farm souhaite réinstaller un maraîchage de proximité, faiblement dépendant de l’énergie fossile, diversifié et innovant dans la production, la distribution et les échanges socio-économiques.

2. Enjeux de connaissance et question de recherche

Au regard de l’ensemble de ces éléments contextuels, il existe donc un intérêt majeur pour étudier l’impact socio-économique et agro-écologique d’une micro ferme urbaine à cultures écologiquement intensives sur une pluralité de parcelles adaptées du modèle du SPIN Farming.

Le présent projet de recherche est guidé par les questions suivantes :
  • Le modèle du SPIN Farming, tel qu’adapté aux conditions bruxelloises par le projet SPIN, est-il viable ?
  • Face au manque de méthodologie visant à étayer cette viabilité, quels sont les outils et indicateurs pertinents pour les acteurs en situation et rigoureux au niveau scientifique?
  • Quelles sont ses conditions de succès relevant du contexte propre à Cycle Farm et quelles sont les éléments qui peuvent s’émanciper de cette trajectoire particulière et ainsi devenir inspirants pour d’autres porteurs de projets comparables?
  • Ainsi, les réponses apportées aux points précédents permettrons de définir le potentiel de réplicabilité et d’essaimage du modèle de SPIN Farming en RBC ?
3. Objectifs visés
  • Produire des légumes, des fruits et des condiments sur des jardins privatifs ou des zones à réaffecter dans une commune bruxelloise et sa périphérie, et ce de manière rentable ;
  • Démarcher une clientèle ultra-locale directement investie dans la production par la participation à la logistique, l'infrastructure et l'achat direct ;
  • Augmenter la productivité en fonctionnant sur des critères locaux tels que les caractéristiques spécifiques du sol, de la géologie, du micro-climat, et en incluant le travail et la production animale de petite échelle. On parle plutôt de parcelle ;
  • Lier les zones de production entre elles en un tissu connecté dans le quartier afin d'en augmenter la résilience, et apprécier son impact sur la biodiversité ;
  • Explorer et produire un résultat de recherche (en particulier avec l’ULB) qui permette d’étudier la viabilité agro-écologique et socio-économique , quantifier les volumes produits, le temps imparti, la plus-value apportée et qualifier les investissements nécessaires, les résultats obtenus en termes de : cohésion sociale, bien être, économie circulaire, production locale, expérimentation permanente, création d'emploi, le type de surfaces et leur inter-connection aux autres jardins ;
  • Pouvoir transmettre aux Nimaculteurs (non-initiés au monde agricole) un modèle à suivre sur les 3 premières années de leur transition et ainsi leur permettre de réduire les risques liés à l’installation et d’améliorer leurs chances de succès ;
  • Encourager l’essaimage d’un modèle innovant d’agriculture urbaine.
4. Valeur socio-économique ajoutée des objectifs
  • Diffusion d’un nouveau type de maraîchage urbain potentiellement très productif et donc création d’emplois
  • Production de produits frais exempts de pesticides
  • Valorisation de terrains, de jardins, de la biodiversité naturelle et agricole (anciennes variétés, diversité)
  • Intégration des principes de l’économie circulaire
  • Implication des propriétaires de jardins et terrains
  • Favoriser des échanges locaux et donc une diminution du transport de marchandises
  • Encourager la cohésion sociale intergénérationnelle par la transmission de savoir-faire et la réappropriation collective des questions alimentaire et agricole
  • Amélioration de la nutrition et de l’accessibilité d’une nourriture de qualité
  • Limiter les investissements et donc accentuer le degré de réplicabilité potentiel
 

Partenaires

  • Cycle Farm scrl - coordinateur
  • EPSPV - ULB
  • Crédal asbl
  • CEESE-ULB


Publications et documents liés au projet


Période :                        08/11/2015 - 07/11/2018 

Organisme financeur : Région de Bruxelles-Capitale, InnovIris - Co-create

Chercheuses :               DENYS Margaux | PIPART Nathalie

      

Mis à jour le 19 octobre 2022